Carnet d’exploration en pays imaginaire

Laure Samama travaille avec deux classes du lycée Camille Claudel : l’une de 1ère, accompagnée par sa professeure de français Clémentine Caplat, et une autre de Seconde option Histoire des arts, accompagnée par Estelle Jacoby, professeure de français et d’Histoire des arts.
Lors de sa première rencontre au CPIF avec les deux enseignantes, elle propose de travailler à partir d’un texte d’Edgar Allan Poe, Puissance de la parole. Les enseignantes, elles, travailleront le texte en classe.

Voici plus précisément l’extrait sur lequel va s’appuyer l’artiste pour démarrer le projet. Ce sont quelques mots du personnage d’Agathos :
« Ils ne semblent pas, ils sont ! Ils sont rêves et passions ! Cette étrange étoile, — il y a de cela trois siècles, — c’est moi qui, les mains crispées et les yeux ruisselants, — aux pieds de ma bien-aimée, — l’ai proférée à la vie avec quelques phrases passionnées. Ses brillantes fleurs sont les plus chers de tous les rêves non réalisées, et ses volcans forcenés sont les passions du plus tumultueux et du plus insulté des cœurs ! ».

Pour les élèves des deux classes, donc, il s’agira d’expérimenter la puissance de la parole, sa capacité à créer des mondes, par la photographie, mais aussi par l’écriture:

« Vous partez en exploration sur l’île créée par les mots d’Agathos, et en rapportez des images et un récit ».

Le projet s’appellera Carnet d’exploration en pays imaginaire.
Le but est de donner une réalité au monde intérieur, au monde onirique, celui d'un autre ou le sien propre. Comment représente-t-on des mots, des rêves, des sentiments, des émotions, des intentions? Et comment transmettre ces émotions? Il s'agit de s’approprier l'image dans sa capacité à raconter, mais aussi de questionner sa véracité supposée.

Ainsi, séance après séance, les élèves s’approprient le thème, seul·e·s ou en petits groupes. Iels se l’approprient par la photo, bien sûr, mais aussi par le dessin, le collage et l’écriture. Iels explorent les espaces de l’établissement et ses alentours. Leur réalité quotidienne devient terrain de jeu et d’aventure. Pour nourrir le travail, l’artiste montre des images réalisées par des artistes. On les analyse, on les commente. On regarde aussi un film court, La jetée de Chris Marker.

En complément du travail de Laure Samama, l’une des enseignantes, Estelle Jacoby, anime des ateliers d’écriture dans le cadre de son cours. Le lien entre textes et images se voit matérialisé par des livrets dans lesquels certain(e)s élèves, réunis par groupes de 3, pensent le rassemblement de leurs productions. Ces livrets mis en page par l’artiste sont édités, destinés aux élèves qui les ont crée et à la consultation dans l’exposition.

Les élèves sont enthousiastes. Certain·e·s en oublient parfois d’aller en récréation ou à la cantine. Deux d’entre elles envisagent même, une fois quitté l’établissement, de faire des études de photographie. L’une s’est d’ailleurs dors et déjà inscrite aux ateliers pour amateurs du CPIF.
C’est tous ensemble, lors de séances d’éditing collectifs, que les élèves choisissent les images qui seront exposées dans l’établissement au mois de juin. L'exposition se nomme Voyage en terre inconnue. Montrées plusieurs jours, ces images d’étranges pays aux multiples recoins sont partagées par toute la communauté éducative.